Image de marque : dire qui l’on est, vraiment
Notoriété, réputation, image de marque : trois récits, un même enjeu
On les emploie parfois comme des synonymes, ces mots. On les aligne dans un brief, on les intervertit dans un article. Et pourtant, chacun d’eux raconte une histoire bien différente.
La notoriété, c’est une question de présence. Celle d’un nom qui s’impose dans l’esprit sans même qu’on y pense. Demandez à quelqu’un de citer une marque de soda, il vous dira probablement Coca-Cola. Non pas parce qu’il en consomme, mais parce qu’elle est là, ancrée, évidente. La notoriété, c’est le terrain de jeu des géants — et le rêve des challengers.
La réputation, elle, se construit dans le bruissement collectif. Ce qu’on dit de vous, ce que l’on suppose, ce que l’on transmet. Elle ressemble parfois à une rumeur, parfois à une légende. Dans le cas de Rolex, elle prend la forme d’un mythe moderne. L’horloger suisse n’a pas seulement imposé un produit de luxe : il a incarné une réussite, une excellence, une certaine idée de la valeur. Ce n’est pas un hasard si Rolex a dominé deux années de suite le classement du Reputation Institute : sa réputation repose sur la constance de ses engagements, autant que sur la rareté de ses mots.
Et puis il y a l’image de marque. Ce miroir qu’on tend au monde, et qui reflète à la fois ce qu’on montre, ce qu’on dit, et ce que l’on fait ressentir. L’image de marque, c’est la somme des impressions, des gestes, des détails. C’est une émotion construite, mais sincère. Une promesse rendue tangible.
Livre “Design The whole story” - Elisabeth Wilhide - Thames & Hudson
Une boussole dans le bruit
Chaque jour, des centaines de messages tentent de capter l’attention. Une offre chasse l’autre, une promesse succède à la précédente. Dans ce flux constant, ce n’est pas forcément le plus fort qui émerge — mais le plus clair, le plus juste, le plus aligné.
C’est là que l’image de marque entre en jeu. Elle ne se contente pas d’habiller un discours : elle lui donne sa direction, son relief, sa résonance. Elle guide les perceptions, éclaire les intentions, rend les décisions plus lisibles — pour un client, un collaborateur, un partenaire.
Et ce n’est pas qu’une affaire de logo. C’est une affaire de posture. De ton. De cohérence.
Les marques qui tiennent dans le temps sont celles qui savent qui elles sont — et le montrent à chaque prise de parole. Le dernier rapport BrandZ le confirme : les marques perçues comme légitimes, fiables et singulières sont aussi les plus résilientes en temps de crise. Elles résistent mieux. Elles inspirent plus.
FIAT 500 : l’optimisme en série limitée
En 1957, elle était un symbole de renaissance. Une voiture minuscule, accessible, presque attachante : la Fiat 500, surnommée affectueusement le “pot de yaourt”, roulait déjà avec le sourire. Mais c’est en 2007 que la marque italienne orchestre un retour magistral, transformant ce modèle rétro en icône pop.
Le pari ? Séduire une génération urbaine, jeune, féminine, en quête de praticité sans renoncer au style. Mais au-delà de la cible marketing, c’est tout un imaginaire qui est convoqué : celui d’une dolce vita revisitée, légère, joyeuse, accessible.
FIAT ne vend plus simplement une voiture — elle vend un état d’esprit. Tout, dans son langage de marque, évoque cette posture optimiste. Les slogans parlent clair : “Drive Happy”, “Forever Young”, “Créateur d’optimisme”. La 500 devient une complice, presque un accessoire de vie, façonné selon les envies.
Des séries limitées audacieuses — Gucci, Barbie, Collezione — viennent renforcer ce récit de personnalisation, de désirabilité, de storytelling produit. Chaque détail devient une manière d’exprimer son individualité. Chaque édition raconte une variation autour du même refrain : “la vie est plus belle en Fiat”.
Ce choix assumé de singularité et de narration a porté ses fruits : deux millions d’unités écoulées en dix ans, un record de longévité en Europe, et une communauté fidèle, bien au-delà des critères rationnels d’achat.
Aujourd’hui encore, la petite 500 roule avec la même promesse : celle de faire un peu plus que transporter. Elle propose un regard, une énergie, une manière d’être au monde — et c’est peut-être là, sa plus grande réussite.
L’émotion, levier décisif de l’image de marque
Ce n’est plus un luxe, c’est une nécessité : pour émerger, une marque doit faire ressentir quelque chose. Créer un lien, une résonance, une trace. Patagonia revendique un activisme sincère qui fait de chaque vêtement un acte. Aesop construit un luxe narratif, à la fois sensoriel et littéraire. Maison Kitsuné invente un mode de vie à la croisée de la musique, de la mode et du design. Officine Universelle Buly, elle, transforme chaque produit en objet de récit, entre héritage réinventé et expérience sensorielle précieuse — un cas que nous avons décodé dans cet article.
Ces marques ne se contentent pas d’occuper l’espace : elles proposent une vision du monde. Un regard. Une manière d’être.
Dans cette logique, on ne vend plus un produit ou un service. On invite à entrer dans un univers, à adopter une posture, à partager des valeurs. C’est un contrat affectif autant que fonctionnel. Et c’est précisément là que l’image de marque prend toute sa force : elle devient un langage relationnel. Un outil d’adhésion, d’appartenance, de projection.
Et ce mouvement dépasse largement les codes du luxe ou du lifestyle. Aujourd’hui, même les institutions, les collectivités, les marques B2B ou les opérateurs publics sont attendus sur ce terrain-là : celui de la sincérité, de la cohérence, de l’émotion juste. Parce que parler de mobilité, de santé ou d’énergie ne dispense pas d’avoir une voix. Parce que même un service peut générer de la fierté, de la confiance, un attachement.
L’émotion, bien utilisée, n’est pas un artifice. C’est ce qui ancre un message, ce qui crée l’adhésion — et parfois même, l’élan.
L’image juste, ou l’alignement comme signature
Il ne suffit pas d’avoir une image forte. Encore faut-il qu’elle soit juste. C’est là que tout commence — et parfois, que tout se fissure.
Une marque peut séduire par le style, impressionner par le design, multiplier les prises de parole. Mais si ce qu’elle montre n’est pas en résonance avec ce qu’elle est — avec sa manière d’agir, de penser, de servir — alors l’effet s’estompe. Le vernis craque, la promesse s’épuise.
Ce qu’on cherche, c’est autre chose. Une forme d’alignement entre l’interne et l’externe. Entre les mots et les gestes. Entre la vision et l’expression.
Une image de marque n’est pas un masque : c’est un miroir. Elle fonctionne quand elle révèle, pas quand elle dissimule.
C’est ce que Paul Rand, dans son approche du design graphique, a toujours défendu : la simplicité n’est pas un effet. C’est le résultat d’une pensée claire, d’une identité assumée, d’un message qui ne triche pas. Comme nous l’avons exploré dans cet article dédié, concevoir une image juste, c’est penser avec honnêteté. C’est faire du design un langage cohérent — pas un habillage.
Et c’est souvent là que se dessine la vraie différence. Les marques qui durent sont celles qui se connaissent, qui se reconnaissent, et qui savent le dire. Pas à travers un storytelling figé, mais dans une dynamique vivante : une intention claire, une posture assumée, une expression maîtrisée.
Ce n’est pas une question de forme. C’est une question de fond qui transpire dans la forme.
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